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  • Margot VIANNAY

L'alimentation d'origine biologique et la santé.

L'Agriculture Biologique est une agriculture respectueuse de l'environnement. Elle préserve la qualité des sols, la biodiversité, l'air, l'eau et elle vise le bien-être animal. Là, tout le monde est d'accord et les moyens pour y parvenir sont bien spécifiés dans le cahier des charges. Mais côté nutrition, en sachant qu'il n'y a pas d'objectif de résultat peut on prouver la supériorité nutritionnelle des produits du label AB ?


De mon point de vue, manger bio reflète une certaine philosophie qui valorise la nourriture de qualité et durable, souvent le choix de consacrer une partie plus importante de son budget à l'alimentation pour manger autrement: moins mais mieux, un style de vie où on privilégie "fait maison" avec des produits de saison, si possible locaux et on est prêt à y consacrer plus de temps, et on fait attention à ce qu'on mange...


1. Des aliments bio: plus de micronutriments, moins de pesticides et de métaux lourds


En 2003, l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments, aujourd'hui ANSES) avait conclu à une concentration en certains nutriments plus élevée dans les produits bio. Les résultats des études suivantes sur ce sujet et en particulier les dernières méta-analyses conduites par l'université de Newcastle en 2014 (les fruits et légumes) et 2016 (les produits laitiers et la viande) ont de nouveau démontré que le mode de production et de transformation bio est à l’origine de réels atouts nutritionnels :

  • une teneur supérieure en polyphénols (antioxydants liés à une réduction des risques de maladies chroniques, notamment des maladies cardiovasculaires, neurodégénératives et certains cancers) dans les fruits et légumes car ils sont produits naturellement par les plantes pour se protéger en cas d’attaque environnementale,

  • une richesse naturelle du lait en Oméga 3 (antioxydant anti-inflamatoire) car les vaches bio sont nourries essentiellement avec de l’herbe,

  • des teneurs plus fortes en acides gras poly-insaturés (versus acides gras saturés qu'il faut limiter) dans la viande bio car les rythmes naturels sont mieux respectés, la croissance des animaux est plus lente et leur alimentation plus riche en acides gras poly-insaturés.

En outre, la fréquence de détection de résidus de pesticides était 4 fois plus élevée dans les cultures conduites en conventionnel, qui contenaient aussi des concentrations significativement plus élevées du métal toxique cadmium (Cd) amené par les engrais phosphatés chimiques. Des différences ont également été détectées pour d'autres composés (par exemple, des minéraux et des vitamines).


2. Les implications de l'alimentation bio sur notre santé

Les travaux menés à partir de la cohorte NutriNet-Santé, dont BioNuriNet montrent que, toute chose égale par ailleurs (de nombreux critères tels que l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, les revenus, la catégorie professionnelle, la prise de compléments alimentaires, le fait d’être fumeur ou pas, l’activité physique, le régime alimentaire, la consommation d’alcool, etc, ont été introduits dans les calculs pour en limiter l’impact sur les résultats) , les consommateurs réguliers de produits biologiques ont:

- une probabilité de présenter une obésité inférieure de 62% chez les hommes et de 48% chez les femmes par rapport à ceux qui ne consomment pas de produits biologiques

- une probabilité plus faible de 31% de présenter un syndrome métabolique (état pathologique qui conduit généralement au diabète T2 et augmente le risque de maladies cardio-vasculaires)

- un risque de cancer diminué de 25% (dont cancer du sein chez les femmes ménopausées -34% et lymphome -76%, un cancer connu pour ne pas être lié au mode de vie mais aux contaminations environnementales).

Une des explications: la quasi absence de pesticides dans l'alimentation bio, dont certains sont perturbateurs endocriniens, ainsi que les teneurs plus élevés en certains micronutriments (antioxydants, polyphénols, vit C, oméga 3).

On sait aujourd'hui que les perturbateurs endocriniens, ce sont des molécules qui ont les effets de certaines hormones et qui modifient le fonctionnement des cellules à des doses très faibles, inférieures aux doses journalières admissibles (DJA) et aux doses censées être sans effets. Ils ont des effets épigénétiques - modifient la façon dont les gènes vont s'exprimer et orientent le développement du fœtus. Plus tard, ils pourront favoriser des désordres métaboliques, comme l'obésité ou la résistance à l'insuline qui précède le diabète, et se transmettre sur plusieurs générations. Les consommateurs ingèrent de très faibles doses pendant des décennies, et cela dès la croissance in utero. Beaucoup d'études ne prennent pas en compte des effets cumulatifs des dizaines de molécules chimiques. Les métabolites de certains pesticides peuvent être plus toxiques que les pesticides eux-mêmes. Ils modifient un certain nombre de mécanismes de régulation. Ainsi, on commence à avoir de nombreuses données scientifiques montrant que certaines de ces molécules stimulent le remplissage des tissus adipeux par les lipides, ou perturbent le métabolisme du glucose. En clair, les résidus de certains pesticides pourraient encourager le stockage des graisses, ou modifier notre assimilation des sucres. « Des études aux États-Unis ont fait le lien entre exposition aux pesticides et augmentation des probabilités d’être obèse et diabétique » (l'interview avec Emmanuelle Kesse-Guyot, directrice de recherche l'INRA à l'EREN)


3. Le bio n'est pas tout rose

Les associations de consommateurs nous alertent que malgré l'interdiction d'utilisation des pesticides chimiques de synthèse et des contrôles à tous les étapes, dès la production jusqu'à la distribution, il y a de temps en temps des failles. Les laits et les œufs bio peuvent contenir plus de dioxines (dioxines - des molécules issues de rejets industriels, notamment des incinérateurs) et de PCB (polychlorobiphényles - leur fabrication est interdite en France depuis 1987, mais ces produits chimiques ont la propriété de s’accumuler dans les sols et d’y persister pendant des années. Ils sont cancérogènes et perturbateurs endocriniens pour l’homme) que les autres, car les animaux sont plus souvent à l’extérieur que dans l’élevage conventionnel. En effet, les sols ne sont pas contrôlés sur ces polluants avant l’installation d’un élevage ou d’une culture biologique. Et l’agriculteur peut convertir son champ en bio, même si ce dernier est situé à proximité d’une installation polluante. On se rappelle tous de l'affaire du saumon bio fin 2016 révélée par l'association 60 millions de consommateurs "On a trouvé davantage de traces de mercure, d’arsenic mais aussi de quatre pesticides (naturellement parfaitement interdits) chez ceux qui devraient être à l’abri de tout soupçon » En cause principalement: l’alimentation des saumons, à base de farines et d’huiles de poissons sauvages de filière durable, qui accumulent ces polluants persistants. Beaucoup de fermes bio, notamment en Irlande, se situent dans l'océan. Il est de fait impossible de maîtriser leur environnement.


4. Le bio ne veut pas toujours dire "bon pour la santé"

Comme leurs homologues non bio, les jus de fruits biologiques et les gâteaux sont très sucrés. Une consommation régulière de ces produits peut conduire à développer des maladies comme le diabète de type 2 ou encore la stéatose hépatique, liée en réalité à un excès de sucre que le corps ne parvient pas à gérer et qu’il va transformer en graisse. À l’instar des chips non bio, les chips bio (et en particulier les chips de légumes) recèlent de l’acrylamide et trop de matières grasses. Enfin, nombre de charcuteries biologiques contiennent des nitrites de sodium, des conservateurs probablement cancérigènes selon le Centre international de recherche sur le cancer.


5. Et surtout, il n'est pas accessible à tous (du moins, pas tout le temps)

Selon le Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France menée par Agence BIO sur un échantillon représentatif de 2000 Français ( publié en février 2019), le prix élevé constitue toujours le premier frein à l'achat des produits biologiques avant un manque de clarté sur la réglementation bio, sur les contrôles des produits et sur l’origine des produits bio surtout ceux qui sont transformés.

On sait que produire du bio coûte plus cher (en moyenne 20 à 30 %) car les rendements sont moindres, les pertes plus élevées du fait de ne pas utiliser de pesticides chimiques, les besoins en main d'œuvre augmentent. Néanmoins, UFC-Que Choisir évoque en février 2019 une marge excessive sur les fruits et légumes en grande distribution. Cette surmarge est, en moyenne, de 75 % supérieure à la marge du conventionnel, mais elle varie selon les produits et selon les enseignes. « Sur la banane, qui est le premier fruit consommé en bio, la marge est très restreinte », déclare Benoît Soury, de Carrefour. Casino explique que ses marques propres sont seulement 20 % plus chères en bio. Il est donc possible de moduler les marges pour réduire les prix.

Conclusion

Au-delà des problématiques environnementales et sociales, c’est bien la santé qui demeure la première motivation d’achat des consommateurs de bio. Les effets bénéfiques du « régime bio » sur la santé sont à la fois dus à une consommation plus importante de produits végétaux apportant notamment des fibres et des antioxydants (on peut manger la peau des fruits et des légumes et les céréales complètes), et à une moindre contamination par les pesticides et autres contaminants (cadmium). Il en est de même des effets bénéfiques sur l’environnement: la moindre consommation de viande permet une forte réduction des émissions de GES et une moindre utilisation de surfaces agricoles. Tandis-que le non usage de pesticides en l’agriculture biologique impacte favorablement la biodiversité et la santé.

En bref: pour faire valoir les atouts du bio, il convient d’augmenter sensiblement la part du végétal et manger de façon équilibrée et non pas, simplement, de remplacer un produit conventionnel par un autre estampillé bio.

Si l'on veut manger équilibré mais on dispose d'un petit budget il faut prioriser et parfois changer nos habitudes:

- acheter des fruits et légumes bio de saison dans un magasin bio ou mieux directement chez un producteur pour éviter tous les frais intermédiaires et être sûr de la fraîcheur;

- en grande surface, les prix des œufs, du lait , des céréales semi-complètes/complètes bio (pâtes, farine etc.), des huiles première pression à froid seront moins élevés (mais souvent de provenance lointaine)

- cuisiner soi-même et éviter les plats préparés et autres produits transformés.

- les produits végétaux devant représenter 2/3 de l’alimentation, on fait ainsi des économies sur les produits animaux dont le prix est élevé.


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